Du bruit, de la musique … Les yeux de Natalina s'ouvrirent, paraissant noir encre dans cette rue dépourvue de lampadaires, et elle tourna la tête, cherchant l'origine du bruit. De la musique, dans New York, alors qu'il était vingt trois heures … Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas perçu un tel son et son cœur s'accéléra, mimant à la perfection le rythme de l'air indistinct. Il pompait, il pompait, il pompait inutilement et la réveillait, la sortant de sa torpeur. La brune était appuyée contre un mur à l'angle d'une rue, humant l'air de la ville. L'air solitaire de la ville. Les rues étaient vides, les cafés déserts et le creux dans son estomac ne faisait que grandir et grossir. Elle avait faim, et ce, beaucoup plus que d'habitude, la seule expression relevant de l'euphémisme. Il y avait bien des semaines qu'elle ne s'était pas nourrie et sa respiration était bruyante, ses mouvements lents. La bête était épuisée, trop fatiguée d'avoir couru après quelque chose qui ne venait pas. Affaiblie et réduite à néant par son propre désir. Peut être était-ce enfin la punition pour tant de pêchés commis ? Natalina voulait et désirait quelque chose que personne n'aurait jamais dû avoir : ses semblables. Mais le monstre n'y voyait aucun mal, il n'était qu'amour et aimait tout ceux qui croisaient sa route. Sans barrières, sans limites, un amour parfait, un amour sacré. Et ce n'était pas parmi les mortels qu'il allait pouvoir satisfaire sa faim et sa soif, non. Peut être qu'après avoir dévoré Dieu jusqu'à la dernière miette, il s'en irait enfin repus et comblé. Natalina ne pouvait qu'espérer la gorge sèche et le cœur lourd. Mais pour l'instant, il n'y avait pas de place pour le rêve ou l'espoir.

C'était une nuit sans lune et c'était avec les bras croisés sur sa poitrine que Natalina se déplaçait d'un pas vif, se dirigeant vers la source du bruit. Pas de traces de sang aujourd'hui sur elle, pas de noir non plus … Elle s'était faite belle pour la nuit et bien qu'elle soit privée de sa déesse favorite, mais où était donc passé la Lune, elle comptait bien les divertir tous. La brune portait une robe bustier blanche qui retombait juste au dessus de ses genoux, elle n'avait pas de chaussures, ni de maquillage, et ses mèches brunes se baladaient au grès du vent … Natalina devait ressembler à un ange … L'ange de la mort cependant car son regard était si vide, à croire que ses yeux là n'avaient vu la clarté d'un jour et que ses lèvres ne s'étaient jamais étirées dans un sourire. Belle, si belle et si tragique. Des larmes rouleraient peut être sur ses joues quand elle serait en train de se nourrir, peut être. Le geste serait aussi beau qu'une épiphanie en tout cas, elle ferait tout pour que cela soit grandiose. Natalina finit par trouver d'où venait la musique, elle s'approcha très lentement du seul bar ouvert de la rue. Elle se lécha instinctivement les lèvres, réduisant la distance qui la séparait de l'établissement. Natalina pouvait les sentir d'ici et déjà les voir … Ils devaient être une quinzaine, sans compter le barman et les deux serveuses. Ils n'étaient pas d'ici, des touristes très certainement, qui ne savaient pas ce qui se passait dans les basfonds de New York et qui ignoraient tout du couvre feu ou de la panique qui régnait dans la ville. Natalina était chanceuse, elle leva les yeux vers le ciel et se dit que finalement, c'était beaucoup mieux qu'il n'y ait pas de Lune dans le ciel. Pas de témoins, pas de regard inquisiteur, juste elle et un banquet de roi …

Elle pénétra tout aussi furtivement dans le bar et au début, personne ne fit attention à elle. Natalina resta appuyée contre la porte à contempler tout ce beau monde, à se laisser envahir par la mauvaise musique, les effluves d'alcool et de cacahuètes et les conversations dans un mauvais anglais. Elle avait eu raison, ils n'étaient pas d'ici, ils étaient seize au total et à en juger par leur tenue, ils appartenaient tous à la même université. Le barman et les serveuses avaient des sourires aux lèvres, très certainement content de revoir les affaires reprendre. Le regard de Natalina se promenait dans la salle enregistrant toutes ces informations mais en vérité, elle ne percevait que la chair, le sang qui circulait rapidement dans les veines et l'alcool qui allait donner une saveur ambrée à ce délicieux mélange. Elle se tourna et arracha d'un geste vif les poignées de la porte. Plus personne ne pouvait sortir, plus personne ne pouvait rentrer, ils étaient enfermés avec la bête. Natalina eut son premier sourire de la soirée et se dirigea vers le bar, sa tenue jurant affreusement avec le reste de la salle. Elle fut arrêtée par une main sur son épaule et elle se retourna pour voir un jeune homme qui l'observait avec un sourire aux lèvres et un air plus qu'intéressé. « Vous allez bien ? Vous voulez boire un verre avec mes amis et moi ? » Il mentionna de la tête les autres hommes qui se trouvaient à quelque mètres d'eux et ces derniers firent des signes de la main. Quel pauvre fou … Lui aussi était en train de convoiter quelque chose qu'il n'aurait jamais dû avoir. Mais il était trop tard pour fuir, il n'y avait plus qu'à prier pour que ce mauvais rêve passe. Natalina n'était pas un rêve et elle se le prouva a elle-même en passant une main sur le visage du jeune homme. Elle se rapprocha de lui et son sourire s'agrandit. Il pensait très certainement qu'elle allait l'embrasser. Natalina n'en fit rien et lorsque que ses lèvres se posèrent sur la joue de l'inconnu, ce fut uniquement pour enfoncer dans ses dents dans la chair molle.

Et à partir de cet instant fatidique, le temps sembla ralentir. Il n'y avait plus aucun bruit dans le bar à part la musique et profitant de la surprise générale, Natalina changea enfin d'angle d'attaque et quitta la joue de l'homme pour lui mordre la gorge. Buvant directement au goulot. Ce fut à ce moment la que le premier cri se fit entendre. Il y eut du mouvement, on tenta d'ouvrir la porte mais à peine son entrée finie que Natalina laissa pathétiquement retomber le corps et se tourna vers sa victime la plus proche. La serveuse en fit tomber son plateau et tenta de s'éloigner de Natalina. Trop tard pour fuir mes enfants, bienvenus en Enfer. Ce qui se passa ensuite, relève de l'horreur la plus immonde. Natalina avait faim et rien n'était trop beau ou trop grand pour elle. Et paniquée, ces cibles étaient encore plus faciles à éteindre. La musique joyeuse semblait compléter l'ironie de son festin. Et elle but … Elle but jusqu'à en gémir de plaisir, jusqu'à couvrir sa robe de sang, elle but jusqu'à en devenir lucide et … Calme. Quand Natalina se redressa enfin, elle s'étira avant de s'asseoir sur le bar. Son regard parcourut une dernière fois la salle … Et si le plus vulgaire des regard voyait un monceau de cadavres, elle voyait une œuvre d'art …
Tout simplement.

Spoiler:

Time Square. Le lieu de prédilection des touristes visitant New-York. Impossible de ne pas passer par là lorsqu’on voyage. Pour Oliver, c’est simplement un remarquable terrain de chasse. C’est un sourire aux lèvres qui s’affichait sur les lèvres du vieux Sang d’Argent. Il était tard, la nuit était déjà tombée sur la Grosse Pomme et il se trouvait sur les fameuses marches qui donnaient une vue impressionnantes sur les tours, immeubles et affiches illuminées. Time Square le soir était une chose remarquable et n’importe qui, même pour un vampire comme Oliver, serait émerveillé comme un petit enfant en déambulant parmi la foule. Un tas de son, de paroles et même de cris résonnaient jusqu’à ses oreilles. Parmi tout ce brouhaha continuel qu’était le terrain de chasse de notre vieux vampire, il y avait beaucoup d’humains alléchants. Dommage que son “régime” n’était constitué que du sang bleu.

Comme le temps commençait à devenir long, le Sang d’Argent quitta les marches rouges et se dirigea dans la foule. Il se fondait dans la masse comme le ferait... Un vampire. Vous vous demandez peut-être comment fait un vampire comme lui, sans travail, arrivait à se payer des trucs hors de prix ? Ne dites pas que c’est l’héritage, par pitié. Son travail est de tout voler et de revendre. Faire des actes illégaux plait vraiment à notre petit Oliver. Donc, il fit les poches de certains touristes insouciants sans se faire prendre. Le velox était une capacité qui lui servait beaucoup dans le vol. Ni vu ni connu, il venait déjà de se faire une cinquantaine de dollars. Il est devenu un maître dans l’art de la cleptomanie. Il soupira doucement et il observa autour de lui. Les flash des appareils photos lui agressèrent les yeux et il serra les mâchoires. Se faire un petit Sang Bleu était vraiment alléchant, comme perspective de soirée, sauf qu’il fallait déjà s’en dénicher un. Bien sûr, il aurait pu aller voir Ivy, mais il y avait maintenant d’énormes risques depuis que le Rex était au courant qu’ils se revoyaient. Après des cycles, comment Edward avait-il pu douter qu’Oliver ne reviendrait pas vers elle ? Franchement.

À son nez vint une odeur particulièrement alléchante, alors qu’il s’éloignait un peu de l’artère principale de Time Square. Du sang. En plus, c’était du sang frais. L’eau lui monta à la bouche et il détecta d’où l’odeur venait : d’un bar. Est-ce qu’un Sang Bleu avait décidé de faire la fiesta dans un bar ? Ce serait marrant, comme situation. Il se dirigea vers l’entrée du bar en question et découvrit que la poignée de porte était brisée de l’intérieur. Bien sûr, c’était évident. Afin de ne pas démontrer à tout les touristes et habitants de New-York qu’il avait une force monstrueuse, Oliver décida de rentrer par la porte de service. Dès qu’il fut entré, l’odeur se mit à chatouiller joyeusement ses narines. Quoi ? Un humain reste alléchant et Oliver est sûr que d’autres Sang d’Argent s’en délectent. C’est juste que chasser les Sang Bleu est beaucoup plus attirant et amusant. Et surtout plus délicieux! Donc, bon. Entré à l’intérieur, le vampire sourit. Il était amusé.

Lorsqu’il fut dans la salle principale, il fut presque pris d’un fou rire. Non mais quel bain de sang ! Ce n’était certainement pas dû à cause d’un Sang Bleu, car ceux-ci avaient prêté allégeance pour porter du respect envers les humains. À moins que ce soit un vautour. Pourquoi est-ce que ça ne l’étonnerait pas ? Oliver se mit en plein milieu de la pièce et il continua de sourire. En tout cas, ça n’allait pas être lui qui allait ramasser les dégâts.

Le regard du Sang d’Argent se déposa sur une jeune femme. Celle-ci était assise sur le bar et observait le massacre comme si c’était un artiste contemplant un oeuvre d’art. Oliver la contempla un moment avant de pencher légèrement la tête sur le côté. C’était amusant de voir les dégâts que certaines personnes pouvaient faire. Le vieux vampire comprit rapidement que cette jeune femme-là n’était pas un Sang Bleu. C’était une Vulture. À en voir l’état des cadavres qu’elle avait vidé de leur sang, elle avait dû avoir une sacrée fringale. Il y avait du sang partout et l’odeur montait à la tête d’Oliver. C’était tentant, sauf qu’il voulait s’amuser encore un peu.

« Mais quel joli oeuvre d’art. Tu as fait ça toute seule ? »

Teinté d’arrogance, son ton semblait toutefois amusé. Il s’approcha de la Vulture et la regarda de haut en bas. Elle devait être encore très jeune. Son physique était... Séduisant. Oliver déposa ses mains sur ses hanches et son regard se porta sur la victime à ses pieds. Une jeune femme dans la vingtaine. Pauvre elle. Jamais elle ne connaitra la vie comme Oliver l’avait connue. Et plusieurs fois, en plus de cela. Un mouvement attira son attention mais il n’y porta pas trop attention. Traumatiser une humaine était amusant. Il n’est quand même pas l’ange de la Terreur pour rien, non ? Le Sang d’Argent vint s’assoir aux côtés de la Vulture comme s’ils se connaissaient depuis des années déjà.

« Au fait, t’es trop mignonne, avec tout ce sang qui te dégouline de la bouche. »

Il rit doucement et jeta un coup d’oeil derrière le bar, où se cachait une jolie humaine qui avait épargné le massacre. Oh, ça ne servait à rien qu’elle respire le plus lentement possible, car il entendait son coeur battre si rapidement dans sa poitrine. Elle aussi devait l’avoir entendue, ou sinon ça serait bientôt le cas. Oliver chercha les yeux de la jeune créature ayant fait le bain de sang.

« Au fait, je m’appelle Oliver. »

Apaisée ? Natalina l'était complètement. Elle était désormais d'un calme affligeant et si ce n'était pas pour le sang qu'elle avait sur elle et encore en elle, il aurait été difficile de croire que c'était la même femme qui venait de se jeter sur toutes les gorges qui étaient passées près d'elle. Et pourtant, c'était bien la même femme, c'était bien la même Natalina, et c'était la même cruauté qui habitaient ces deux entités tandis qu'une se nourrissait et que l'autre hurlait à la mort et la suppliait de ne pas continuer. Comme ces pauvres humains qui pensaient qu'elle allait écouter … Pour écouter il fallait avoir envie d'entendre et de comprendre. Hors la bête ne comprenait et n'entendait rien, pas quand elle avait faim, pas quand tant de coeurs battaient devant sa cage. Un supplice digne de Tantales. Voilà ce que Natalina vivait au quotidien, elle était obligée de se cacher et de se morfondre car personne ne pouvait l'accepter, personne ne pouvait l'aimer. Cette pensée était bien triste et son estomac était si plein … Elle laissa sa tête lourdement retomber sur le bar, fermant un instant les yeux. Le monstre était parti, elle était seule avec sa raison, sa conscience et son âme.
Sa raison était brisée en mille morceaux parce qu'il n'y avait pas de logique dans ce qu'elle venait de faire.
Sa conscience devait très certainement être en train de se mordre les doigts et de bercer les morts.
Et son âme … Son âme se faisait réduire en cendre par le plus néfaste des feux.

Cependant, elle était encore en vie. Moins affamée, mais en vie. En vie grâce à ce coeur qui battait lentement et sûrement. C'était une mélodie des plus fabuleuses, deux coups brefs et elle était certaine que tout allait bien. Deux coups brefs et … Natalina ouvrit brusquement les yeux. Pas deux coups bref … Mais quatre en l'occurrence. Elle avait laissé quelqu'un en vie. Elle se redressa vivement et entrepris de parcourir le bar dans son ensemble, à genoux s'il le fallait histoire de voir qui d'autre pouvait être tapi dans l'ombre. Natalina n'eut pas à attendre bien longtemps car déjà on arrivait. Ami ou ennemi ? Humain ou créature de la nuit comme elle ? La brune put rapidement se faire une idée dès qu'elle vit un sourire percer le visage du nouvel arrivant. Un simple humain n'aurait pas souri face à ce tableau saisissant où Natalina constituait la pièce maîtresse, il aurait crié, il aurait eu peur, elle aurait dû le tuer. Pas une once de peur sur ce visage là, juste de l'amusement et une confiance qu'elle ne comprenait pas … Ah moins que … Il savait ce qu'elle était … Il était comme elle, mais en beaucoup plus évolué et moins asservi par son désir primaire … Quel chanceux ! Oliver … Qui dégoulinait de bonne volonté et à qui elle aurait aimé tordre le coup. Natalina n'en fit rien et essuya d'un revers de la main le sang qu'elle pouvait encore avoir sur la bouche. Elle l'ignora un instant et en profita même pour se lécher les doigts, histoire de ne pas perdre une seule goutte. Pas la peine de se cacher devant lui, il savait déjà de quoi elle avait le plus besoin. Une fois sa main nettoyée, Natalina leva les yeux vers lui, une expression froide sur le visage.

"Est-ce que vous avez pour habitude d'obtenir tout ce que vous voulez avec ce genre de flatteries ? Je n'aime pas les compliments. Et je m'appelle Natalina …"

La brune avait dit cela en croisant les jambes, le jaugeant du regard. Elle avait pour règle d'éviter le plus possible les autres vampires. Et part vampires, elle entendait ceux qui étaient comme Oliver. Pas besoin d'être un génie pour savoir qu'elle ne pourrait jamais battre un adversaire tel que lui … Il ne semblait pas être là pour se battre … Mais alors quoi ? Il arrivait déjà trop tard pour le spectacle, il n'y avait plus rien à voir à part les dégâts d'une tempête ravageuse. Si ce n'était pas pour lui, Natalina aurait déjà quitté les lieux et … Un sourire apparut alors sur le visage de Natalina. Pas quatre coups bref … Six. Le spectacle n'était pas terminé apparemment.

"Et il y a autre chose que je déteste … "

Natalina posa les pieds sur le sol, ses orteils plongeant allègrement dans une flaque de sang. Elle n'y prêta pas attention et longea le bar, toujours son sourire bien en place. La brune se dirigeait derrière le bar, le son de chacun de ses pas relevant de l'horreur la plus totale. Quelque chose entre la pourriture et l'immondice peut être … Et son sourire s'agrandit quand ses yeux se posèrent sur une autre brune avec une expression de pure terreur sur le visage.

"Ce sont les petites fouineuses."

Le mouvement de Natalina fut vif, elle s'empara d'un des bras de l'inconnue et la força à se relever. Elle l'attira vers la chaise la plus proche avant de la forcer à s'asseoir. Cette victime là était beaucoup plus jolie que les autres … Natalina passa sa main dans les cheveux de la jeune fille en sifflant.

"Maintenant la grande question c'est … qu'est-ce qu'on va faire de toi ?"

Natalina venait déjà de se nourrir de plus d'une dizaine de personnes, même pour la bête sauvage qu'elle était c'était un record. Mordre la demoiselle aurait été par pure gourmandise et cela aurait vraiment été trop cruel … N'est-ce pas ?

Depuis qu’il voyait Ivy de moins en moins à cause que c’était beaucoup trop risqué, Oliver broyait du noir tout le temps -sauf quand il était avec son lien. Pourtant, là, il affichait un sourire amusé et il riait. C’était même une chose étonnante de la part d’Uliel, ange de la terreur. Normalement, il n’aurait qu’esquissé un petit sourire en coin et aurait sortit bien fait et vite fait. La situation le faisait rire. Une jeune femme, sans doute vampirisée depuis très peu de temps, venait de boire une dizaine de personne. Comment avait-elle fait pour tout engloutir ce sang ? Même lui en était incapable. Un Sang Bleu ou un humain faisait normalement son affaire, surtout qu’il n’était pas obligé d’en boire. C’était des desserts, pour lui. Rien de plus. Assis sur le comptoir, aux côtés du jeune vampire, Oliver la contempla alors qu’elle l’ignorait et léchait avec un plaisir évident ses doigts. Elle lui demanda alors s’il avait pour habitude de flatter les gens pour obtenir les choses qu’il désirait.Il fronça les sourcils alors qu’elle cita qu’elle n’aimait pas les compliments et qu’elle s’appelait Natalina. Le Sang d’Argent la regarda dans les yeux et dit:

« Très enchanté également de te connaître. »

Il fit un sourire arrogant, tardant à répondre à la question qu’elle lui avait posé. Également, en y pensant bien, elle avait dit qu’il flattait les gens, mais pour obtenir ce qu’il voulait. Premièrement, ce n’était pas du tout de son genre d’agir ainsi. Il ne faisait que s’amuser, pour tout dire. Il finit par lui demander:

« Et tu crois sérieusement que j’ai besoin de flatter les gens pour pouvoir obtenir ce que je veux ? »

Son sourire avait disparu et Oliver était soudainement devenu sérieux. À travers ses paroles, on pouvait lire une certaine menace qui devrait bien la remettre à sa place. Il n’aime pas se faire parler comme ça, ce qui signifiait qu’elle devait surveiller ses arrières. On ne provoque pas l’ange de la terreur. Bien sûr, elle ne savait pas qui il était ni quel âge il avait... Mais elle comprendrait qu’il ne faut pas se frotter aux vampires qu’on ne connaît pas. Spécialement les Sang d’Argent. Il soupira doucement en sentant l’air changer. Il comprit que Natalina avait repéré la dernière personne qui n’avait pas été victime du superbe carnage qu’elle avait fait. Oliver roula les yeux. Quand on chasse, on fait attention. Elle aurait dû compter les nombres de personnes dans les pièces, avant de chasser. Elle aurait pu se faire démasquer. Ah, les jeunes Vultures ! Même les vieux font de telles erreurs, mais elles sont moins fréquentes. Le Sang d’Argent observa Natalina se lever et contourner le bar pour voir la jeune brune qui s’y était caché derrière. Pauvre elle. Elle allait devoir affronter un tragique destin. Le pire pour elle serait certainement de regarder Oliver la regarder se faire vider de son sang par la créature qui était à l’origine de tous les cadavres parterre. L’odeur du sang commençait à irriter les narines du jeune homme.

Natalina força la jeune femme brune à se lever et à prendre place dans une chaise. Oliver pencha la tête et leva les yeux aux ciel lorsque la Vulture demanda ce qu’ils allaient faire d’elle. Sérieusement, elle pensait qu’il allait se nourrir ce cette humaine-là ? Elle se trompait sur son compte. Il était trop prudent pour mordre n’importe quelle humaine qui a l’air normale. Là était le danger.

« Excuses-moi mais... Tu as bien dit : ce qu’on va faire ? Désolé, les humains ne sont pas trop mon genre... »

Il entendait bien sûr par là qu’il ne se nourrissait que de Sang Bleu. De toute façon, il y avait bien trop de risque, en se nourrissant d’humains. Certains sont des familiers ayant été mordus par leur Sang Bleu et lorsqu’un humain est mordu par n’importe quel vampire, il est... Comme une sorte de poison pour les autres. Un humain n’est mordu que par un vampire. Oliver n’avait pas envie de se risquer à savoir ou non si tel ou tel humain avait été mordu. Quoi que ça serait facile rien qu’en jetant un regard au cou des humains, sauf que certains pouvaient bien se faire mordre ailleurs... Le Sang d’Argent haussa les sourcils.

« Non mais regardes-moi ça... Vois-tu la terreur dans ses yeux ? Là est la partie la plus plaisante de la chasse... C’est lorsqu’un humain sait qu’il est cuit et qu’il n’y a plus de possibilités s’offrant à lui... »

Il regarda la jeune femme. Un destin tragique l’attendait et elle ne devait pas vraiment comprendre ce qui lui arrivait. Il posa son regard sur Natalina et haussa un sourcil. Elle ne comprenait sans doute pas plus l’univers qui s’étendait devant elle. Était-elle capable de faire la différence entre un Sang d’Argent et un Sang Bleu ? Le vieux vampire s’approcha d’Ana, l’humaine dont il ne connaissait pas encore le nom, et il sourit.

« Pauvre petite bête... »

Natalina s'amusait, beaucoup même. Et même si son monstre était encore ivre de son repas plus que récent, il ressentait tout de même les effluves de l'excitation, tout comme elle les ressentait. Elle trouvait sa joie dans une nuit aussi noire que celle ci et avec des cadavres encore frais sur le sol. Ce sentiment était-il donc bien de la joie ? Oui, un sentiment de pure contentement car la brune avait enfin de la compagnie. Et, même si Natalina fronçait les sourcils face aux paroles d'Oliver, elle lui était reconnaissante de ne pas avoir employé la force ou de ne pas être parti. Elle était toujours seule, alors peut être qu'elle était mal accompagnée ce soir mais … Cela n'avait guère d'importance. Pas du tout car elle avait deux distractions parfaites, l'une qu'elle ne pouvait mordre et l'autre … Elle pouvait planter ses crocs dans la chair de la demoiselle si elle le voulait, même lui lacérer le visage et lui arracher le coeur. Et non parce qu'elle avait faim, l'appétit de la brune semblait être repus quelques minutes, mais juste parce qu'elle le pouvait. Parce qu'elle avait perdu son existence lors d'une nuit telle que celle ci et que désormais tout le monde devait le payer. Tout le monde, y compris cette jeune inconnue qui s'était trouvée là au mauvais moment. Et Natalina ne comptait pas la laisser partir, ses doigts qui passaient dans les cheveux de la victime en était la preuve la plus flagrante. Elle n'était pas du genre à jouer avec son repas en temps normal, mais là, elle éprouvait un désir viscéral de faire du mal à cette humaine. Cette humaine qui avait la vie bien plus douce qu'elle et qui pouvait encore se dire que tout ceci n'était un rêve. Natalina n'avait plus ce luxe et lorsqu'elle avait mal et qu'elle se brûlait, ce n'était pas une illusion non, elle était bien en Enfer.

« Excuses-moi mais... Tu as bien dit : ce qu’on va faire ? Désolé, les humains ne sont pas trop mon genre... »

Elle grogna face à la remarque d'Oliver, n'aimant vraiment pas qu'on la contredise. Plus puissant ou non, Natalina ne comptait se laisser marcher sur les pieds. La brune lui jeta un regard dédaigneux, tournoyant autour de l'humaine.

"Oh pardon … J'oubliais que toi et tes semblables vous étiez les princes de New York … Vous n'avez pas le même genre de repas que la populace. Tu peux donc te permettre de faire le difficile."

Les princes de New York, Natalina avait prononcé l'épithète avec tout le dégoût qu'elle possédait. Un être tel qu'elle et quelqu'un comme Oliver n'auraient jamais dû se croiser. Et pire même, elle n'aurait jamais dû exister. Elle en avait conscience, il y avait toujours cette petite voix qui lui chuchotait à l'oreille qu'elle était maudite, elle aurait dû passer de l'autre côté comme tous les autres. Mais non, la pauvre Natalina traînait encore sur Terre … Alors bien sûr, elle était cassé, brisée, changée au possible avec une seule et même obsession et un seul mot d'ordre. Tuer. Elle ignora donc Oliver, et reporta son attention sur la victime.

« Non mais regardes-moi ça... Vois-tu la terreur dans ses yeux ? Là est la partie la plus plaisante de la chasse... C’est lorsqu’un humain sait qu’il est cuit et qu’il n’y a plus de possibilités s’offrant à lui... Pauvre petite bête... »

Il marquait des points, pauvre petite bête … C'était le genre de peur aveugle qui envahissaient les victimes et dont se nourrissait Natalina. Car s'ils cessaient d'avoir peur d'elle, la brune n'était plus rien. Si elle était tapie dans l'ombre, c'est parce qu'ils craignaient tous le noir, si on l'avait faite aussi belle, c'était parce que tous croyaient que la beauté était fatale … La peur, la seule chose qui marchait et la seule chose que Natalina comprenait.

"En premier lieu, j'aimerais que vous cessiez de parler de moi comme d'un objet qui ne comprend rien à ce que vous dites. Il se trouve que je suis au courant de l'existence des vampires vu que j'offre mon sang régulièrement à l'un d'entre vous. Je suis sa familière. Je peux donc taire ce qui s'est produit ici même sans difficulté, si c'est cela qui vous fait peur."

Natalina éclata de rire, s'arrêtant juste devant l'autre brune. Elle était plutôt courageuse, ça il fallait le reconnaître. Mais Natalina arrivait à voir à travers son discours qui se voulait droit, et elle percevait très bien l'angoisse. Elle voyait sa gorge se resserrer et plus que tout, elle entendait ce coeur battre à la chamade. Si la jeune fille connaissait l'existence des vampires, la créature qu'elle devait craindre le plus dans cette pièce était Natalina. Car c'était elle la plus indomptable et la plus imprévisible. Aussi, bien consciente de la peur qu'elle lui inspirait, Natalina s'assit sur les genoux de la brune, sa robe blanche toujours couverte de sang. Elle fit passer ses bras autour de son cou et posa la tête sur l'épaule de cette dernière.

"Ravie de voir que tu peux encore parler … Cela pourrait t'être très utile pour crier. Mais interdiction de me supplier … Je déteste cela et tu ne ferais que m'énerver encore plus … Non franchement, je ne sais pas encore ce que je vais faire de toi … "

Natalina se redressa pour pouvoir plonger ses yeux dans ceux de l'autre fille. Son sourire s'agrandit et elle reprit la parole, se tournant vers Oliver.

"Si sa majesté désire partir … c'est le bon moment."

Oliver regardait la jeune femme qu’était Natalina. Elle semblait insoumise et sauvage, comme un tigre dans le fond. Une tigresse, dans son cas. Rôdant autour de sa victime, elle lui lançait des regards de dédain. Elle comprenait qu’il était un Sang d’Argent, il n’y avait pas aucuns doutes là-dessus. Cela signifiait qu’on devait déjà l’avoir abordée avant, s’il ne se trompait pas. Les vautours comprennent la hiérarchie des Sang Bleu car ils étaient, pour la plupart, des conduits. Elle avait peut-être eu vent de ce qu’il était. Oliver la fixa intensément et croisa les bras sur sa poitrine alors qu’il l’écoutait s’excuser car elle avait oublié le régime des « princes » de New-York n’était pas similaire à la population des Sang Bleu et il pouvait faire son difficile. Une pointe de colère naquit chez le jeune homme alors qu’il la toisait. Elle osait lui parler ainsi alors qu’elle savait pertinemment qu’elle ne devait pas le faire. L’arrogance dont elle faisait preuve pouvait lui être fatal, surtout car elle ne connaissait pas Oliver. Alors que le Sang d’Argent continuait à parler comme si de rien était, contenant sa colère, Natalina observait sa victime en se demandant sans doute ce qu’elle allait bien pouvoir faire d’elle.

Puis, à l’encontre de ce qu’envisageaient les deux créatures maléfiques qu’étaient Oliver et Natalina, la victime se mit à parler. La tonalité de sa voix était plutôt basse et elle aurait été à peine perceptible pour un humain, mais Oliver l’entendait comme si elle parlait fort. Elle demanda à ce qu’on arrête de parler d’elle comme si elle était un vulgaire objet. D’accord, mais elle restait tout de même un vulgaire objet pour l’ange de la terreur. Puis, elle dit qu’elle connaissait l’existence des vampires car elle était la familière de l’un deux et lui donnait du sang. Oliver fit une grimace. Heureusement, il n’avait pas goûter à cette femme. Son sang aurait été comme un véritable poison. Elle finit par leur dire qu’elle pouvait faire taire ce qui s’était passé si c’était cela qui leur faisait peur. Oliver changea sa grimace pour un sourire à pleine dents.

« Tu crois sérieusement que j’ai peur qu’une petite humaine comme toi me dénonce ? De toute façon, les Sang Bleu seraient incapable de remuer leurs culs pour venir nous chasser. Ils sont bien trop... Civilisés, stupides et sans importance. »

Il s’était penché alors qu’il nommait les trois adjectifs qualifiant la vision qu’il se faisait des Sang Bleu. Il n’a jamais été fait pour respecter les codes du Comité et il jugeait stupide tous les trucs qui venaient avec. Ne pas mordre un humain qui n’est pas consentant. Franchement, tu l’hypnotises et il ne s’en souviens même plus, bravo l’intelligence ! Oliver rit quelques secondes et il croisa ses bras sur sa poitrine. Natalina faisait sa petite terreur en attendant, tournant toujours autour d’Ana, venant lui caresser les cheveux de temps à autres. Imprévisible, la jeune femme vautour s’assit sur les genoux d’Ana, passa ses bras autour de son cou et déposa sa tête sur l’épaule de sa victime. La curiosité emplit les yeux du Sang d’Argent qui se demandait bien ce qu’elles allaient faire... Quoi ? Oliver reste un homme et la position de Natalina était loin d’être la plus décente. En plus, c’était deux femmes. Oliver était là où aucun autre Sang d’Argent aurait mieux rêvé d’être.

Oliver regarda Natalina alors qu’elle disait à Ana que c’était une bonne chose de parler, car elle pourrait crier. Elle dicta bien qu’elle ne voulait pas de supplications car ça la rendait encore plus en colère. Le Sang d’Argent roula les yeux en se disant que c’était un bla bla vraiment inutile qu’elle faisait là. Le vautour commençait à lui taper sur les nerfs et de l’action ne ferait pas de mal à l’ambiance. Alors qu’elle se redressait, Oliver pensait qu’elle allait mordre sa victime mais non. Elle se tourna légèrement vers lui et lui dit que si sa majesté voulait partir, c’était le moment. L’intéressé fronça les sourcils et arrêta immédiatement de sourire. Elle jouait encore l’arrogante, celle-là ? Bon, bon... Il allait devoir lui faire comprendre qu’il ne faut pas s’amuser avec l’humeur et les nerfs ne notre ange de la terreur.

Il serra les poings un instant et empoigna Natalina par la gorge. Sans le moindre signe d’effort, il la souleva dans les airs. Si elle se débattait, il serrait plus fort. Elle n’avait pas beaucoup de chances de son côté, mais en avait tout de même. Juste au cas où sa raison le tiraillerait au moment d’enfoncer sa main dans sa poitrine pour lui arracher le coeur et lui dirait de ne pas faire ça car Almond ne serait pas très content. Almond était le chef des Sang d’Argent, si l’on peut le dire ainsi. Il avait ordonné à ses disciples de lui ramener le plus de vautours possibles. Si Oliver en éliminerait un, Almond serait en colère contre lui. Le jeune homme souleva Natalina jusqu’à ce qu’elle ait les yeux à la hauteur des siens.

« Tu ne m’appelles plus Majesté, ni Altesse, ni prince de New-York ou synonyme du genre. Tu la fermes, tu t’amuses gentiment, comme un chien avec son os, avec cette humaine avariée qui a déjà donné son sang à un autre vampire. »

Il la regarda et soupira doucement.

« Et puis, t’es même pas un vrai vampire. Tu veux savoir qui sont les vrais ? Ceux descendus du ciel, après la colère de celui que les humains appellent le Dieu. Ceux qui vivent éternellement, ceux qui sont plus forts fort et rapides que toi. Ceux qui sont des anges. Vois-tu, tu t’es frottée au mauvais. Tous les anges ne sont pas bon et tu as probablement tombé sur le pire... »

Il fit un sourire, ne s’occupant plus même de l’humaine, toujours assise sur la chaise en plein milieu de la piste de danse. Son visage était à deux pouces de celui de la jeune femme. Les yeux d’Oliver étaient maintenant argents au complet et ses longues canines étaient également sorties sauf qu’on ne pouvait pas le voir vu qu’il avait la bouche fermée et serrait les mâchoires. Yeux dans les yeux, Oliver observait Natalina avec dureté. Comment Hazel l’appelait, déjà ? Ah, oui, la brute épaisse. Avec un sang froid impressionnant, il balança tout simplement le vautour contre le mur le plus proche et il dit:

« Tu n’es même pas un vrai vampire. La seule chose qui te relie à nous, c’est la vitesse et le sang. Et encore là... »

Ne pas jouer avec la nourriture ? Natalina laissa échapper un autre rire, son regard devenant alors froid alors qu'Oliver, semblant déjà trop loin pour elle, était en train de parler. Le peu de patience qu'elle avait pu un jour avoir était en train de s'effriter. Petit à petit, miette par miette, l'envie et le besoin de tuer, de faire couler du sang et de se nourrir revenait à la surface. Un feu néfaste qui était en train de se rallumer près de ses entrailles, très certainement là où aurait dû se trouver son âme, et si la mèche s'allumait vraiment … Si la mèche s'allumait vraiment, qu'est-ce qui la retenait de planter ses crocs dans la chair tendre de l'humaine? Elle disait appartenir à un autre … Natalina se demanda un instant si son sang pourrait la tuer. Il aurait très certainement un goût des plus immondes mais elle était une bête. Elle n'avait pas l'habitude des repas de souverains comme celui qu'elle venait d'avoir. Elle était une bête. Et la bête se nourrissait de ce qu'elle trouvait, peut importe que son repas soit constitué du plus immonde des mets, elle dévorait à même le sol, le reste n'ayant aucune importance. Et c'était tellement tentant … Il n'y avait qu'à se débarrasser d'Oliver et … Natalina pourrait recommencer à être elle-même. Au sommet de son art, il l'avait interrompu alors qu'elle s'apprêtait à débuter une nouvelle esquisse. Elle n'aurait pas dû se montrer aussi polie mais lui montrer les dents dans les débuts.

Et, surprise des surprises, la pauvre bête se retrouva sans merci, la patte d'un prédateur plus puissant s'étant refermée sur sa gorge. Un grognement sourd la parcourut tandis qu'Oliver resserrait sa poigne. Elle se débattit, tentant de se libérer, alors qu'une colère sans nom coulait dans ses veines. Il était en train de briser ses dernières barrières de raison et si du sang était encore versé ce soir, ce serait uniquement sa faute. Sa faute. Cette pensée résonnait comme un tambour aux oreilles de Natalina, en parfaite synchronisation avec les battements de son coeur, tandis qu'il parlait. Il était en train de la provoquer, il était en train de l'énerver. Et la partie d'elle qui savait qu'elle ne pourrait jamais battre Oliver s'éteignait peu à peu … Le coup fatal fut enfin porté et Natalina heurta violemment un mur. Elle retomba vulgairement sur le sol, à quatre pattes, une rangée de mèches brunes cachant son visage. Elle poussa un hurlement assourdissant, son côté le plus primaire voulant reprendre le dessus. Elle se mordit l'intérieur de la joue et griffa le sol avec ses ongles, se retenant de se jetersur Oliver.
Non. Non.

Il avait le dessus. Non, elle mourrait à coup sur. Même elle n'était pas assez forte, et son dos commençait déjà à la lui faire mal, la douleur étant cependant moindre comparée à ce qu'un humain normal aurait pu ressentir. Normale. Il fallait que Natalina s'efforce de le rester quelques temps. Si elle basculait maintenant, tout serait fini. Elle réussit à se calmer au prix de gros efforts, des bruits rauques lui échappant, ses épaules se mouvant et ses ongles s'enfonçant dans le parquet. Elle devait avoir l'air affreuse et pathétique et très certainement donner raison à Oliver, mais c'était le prix à payer pour encore quelques secondes de lucidité. Natalina finit par redresser la tête, ses deux prunelles paraissaient noir encre, elles aussi habitées par une nouvelle envie de massacre. Elle fit craquer ses épaules avant de se remettre lentement sur ses deux pieds, elle testait peu à peu ses limites, vérifiant au passage qu'Oliver ne lui ait rien cassé.

"Ouch … On ne t'a jamais dit qu'il fallait traiter les femmes avec un peu plus de respect … Oh pardon, autant pour moi … Techniquement je n'ai plus rien d'humain donc … tu peux te défouler autant que tu veux sur moi."


Natalina eut une grimace de dégoût. Elle ne savait plus très bien à qui elle en avait après. Oliver ? Non, il ne faisait que dire la vérité et souligner des faits qu'elle avait déjà pu constater par elle-même. Elle-même? Un peu … Cependant, il fallait qu'elle arrête de lutter contre sa propre nature et qu'elle se fasse une raison. La situation n'allait pas s'arranger pour elle, Natalina n'était pas malade, c'était plus comme une sorte de malédiction. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne transmette le mauvais oeil à personne et que ce sort s'éteigne avec elle. Et l'humaine alors ? Natalina perçut un mouvement du coin de l'oeil et, tout en fixant Oliver, elle lança à l'adresse de sa future victime :

"Ne bouge pas ou je vais vraiment me fâcher. Papa et maman ont juste une petite dispute, rien de bien méchant."

Elle lança un clin d'oeil à Oliver, se rapprochant prudemment de lui. Téméraire ? Stupide ? Non, elle ne l'était pas. Tout comme elle savait que même si Oliver lui était supérieur sur bien des points … Elle n'avait pas à le craindre. Il ne lui faisait pas peur. Et sans cette peur là, Oliver n'aurait jamais aucun pouvoir sur elle. Natalina n'allait pas trembler ou se mettre à paniquer à cause de sa simple présence, pas ce soir et probablement jamais. Elle était la peur en ce moment, c'était elle que les gens redoutaient de croiser la nuit, elle qui ôtait des vies et personne d'autres. C'était avec cette même confidence que Natalina s'avança jusque'à lui, leur visages étant désormais à seulement quelques millimètres l'un de l'autre.

"Pas un vrai vampire … Je t'ai sous estimé mon cher Oliver … Au moins tu as raison sur ce point. Je ne suis qu'une moins que rien. Je ne suis personne. Même pas l'ombre d'un vampire."

Natalina eut un sourire avant de s'emparer d'une des mains d'Oliver. Elle la replaça sur son cou, là où elle se trouvait quelques secondes auparavant.

"Alors je t'en prie vas-y … Libère moi."

Était-ce une vraie requête ? Natalina avait souvent envisagé la mort comme option, le soucis c'est que ainsi changée, peu de personnes pouvait la tuer. Alors peut être qu'Oliver allait être son sauveur. Certes, la brune aurait dû se montrer un peu plus combative et vouloir s'accrocher à la vie … Mais quelle vie ? Elle aurait dû périr de la morsure qu'elle avait reçu des mois auparavant. Elle n'était qu'une abomination, une erreur de parcours en somme. En finir maintenant ou plus tard ... Cela n'avait aucune importance à ses yeux.

"Sauf si tu ne peux pas bien sûr … Sauf si le prix sur ma tête est un peu trop élevé … Si tu es prêt à courir ce risque vas y … Tue moi, tu rendras service à plein de gens."

Qu'il la tue maintenant et elle arrêterait de sacrifier des vies pour sauver la sienne. Qu'il mette un terme à toute cette hérésie …